Faites-vous partie des gens inquiets par les changements en cours dans nos sociétés empreintes de technologies? Craignez-vous l’effritement des relations humaines? Comment échanger des informations utiles pour nous, les humains, choisies, de qualité? Comment profiter des moyens technologiques que la situation nous offre pour mieux vivre ensemble?

On change d’ère

Il s'agit de rappeler que c,est l,humain qui doit diriger le robot et non l'inverse
Lequel, du robot ou de l’humain, doit diriger, servir l’autre? Poser la question c’est y répondre.

«La société industrielle produisait des objets, la nouvelle société de la connaissance va surtout créer des relations entre les citoyens.»  Cette parole est celle de Michel Cartier, lequel, avec la collaboration de Jon Husband, a élaboré une très grande oeuvre. Une oeuvre utile, accessible: Le 21e siècle : l’émergence de la communication.

Je m’y référerai pour nous mobiliser à l’aube de ce qu’on peut appeler la première révolution post-industrielle. Parce qu’on n’y coupe pas. Parce qu’on s’y engage déjà et que ça va très vite. Et qu’on peut utiliser notre libre arbitre pour influencer cet avenir.

 

Quelques faits : population et internautes

  • Notre monde et sa population grandissent à une vitesse exponentielle : environ 250 millions de personnes au premier siècle de notre ère, 600 millions en 1700, un milliard en 1800, 1,8 milliard en 1900 et en ce moment plus de 7,8 milliards.
  • La circulation des données double tous les 18 à 24 mois. Depuis 2010 seulement, elles se sont multipliées par 20 et nous ne sommes qu’au début de l’accélération. Bref, on crée une quantité phénoménale de matière, de données de toutes sortes.
  • 4,5 milliards de personnes utilisent déjà Internet, plus de 5 milliards disposent d’un téléphone portable, et les réseaux sociaux comptent près de 4 milliards d’adeptes.

L’humain au pays des titans

Un géant surplombant ses buildings luxueux, regarde un paquebot qui lui appartient, rempli de touristes, venir remplir ces coffres déjà pleins.
Les nouveaux titans : leur démesure, leurs moyens, leurs clients publicitaires

De méga consortiums internationaux de services s’organisent et leur progression est fulgurante. Des pays s’organisent pour casser certains monopoles ou pour mieux légiférer. On regroupe ces géants sous l’acronyme GAFA. Dans les faits, ils sont déjà plus de 15 acteurs numériques dans cette catégorie titanesque.

  • 7 de ces entreprises font déjà partie des 10 plus grandes au monde (basé sur leur capitalisation boursière) : Microsoft,  Apple, Amazon, Alphabet (Google), Facebook, Alibaba et Tencent.
  • Quand on compare leurs revenus aux PIB de pays, on se rend compte que ces compagnies ont davantage de pouvoir économique qu’une majorité d’entre eux.

Ça n’est pas alarmiste de dire que le pouvoir de ces entreprises est grand. Très grand. Ni qu’elles possèdent énormément d’informations sur chacun de nous. Et qu’elles sont souvent utilisées pour nous vendre quelque chose plutôt que de nous informer, de favoriser les échanges d’idées, voire de contribuer à la démocratie.

Dans ce tableau, la santé des citoyens n’est pas épargnée. Nous avons vu dans un précédent article sur la fatigue l’effet de la sursollicitation sur l’équilibre psychologique des individus.

Nous constatons aussi que de nombreuses voix s’élèvent à tous les niveaux —gouvernements, associations citoyennes, journaux, artistes, films et documentaires —, afin de baliser des comportements éthiques qui priorisent les humains.

Voyons comment, vous et moi, pouvons agir. J’aime bien imaginer les verres à demi pleins plutôt qu’à demi vides! Allons faire un tour du côté des moyens dont nous disposons. Ils feront, dans le détail,  l’objet d’articles prochains.

 

Nos moyens : culture et connaissances

 

La culture et les connaissances qui la sous-tendent sont le fil social entre les individus. C’est ce qui fait un groupe. Ce qui fait aussi que, comme personne, je peux appartenir à plus d’un groupe.

C’est la culture qui permet la construction et le partage de rêves communs. Et c’est l’information qui est en quelque sorte son carburant.

On peut donc individuellement, puis collectivement, choisir ce qu’on fait de cette information, à qui on la dédie et comment on la construit.

 

Une population qui agit

Jamais les citoyens n’ont eu et utilisé des moyens aussi efficaces d’interagir, de discuter, de se mobiliser, en dehors des cadres politiques ou économiques habituels.

Jamais ils n’ont eu autant de facilité à échanger des idées, des astuces, à troquer du matériel, à rendre publiques des explications, à diffuser des façons de faire dont tous pourront bénéficier. Et ceci en quelques années seulement !

Je laisse ici la parole à Michel Cartier.

 

Un domaine en transition

 

Le partage d'information est au coeur de la relation entre humains.
C’est la culture qui permet la construction et le partage de rêves communs. Et c’est l’information qui en est le carburant.

«Actuellement, nous basculons d’une société industrielle vers une société de la connaissance; le système de communication que nous avons utilisé est en transition. Cette nouvelle communication est un espace interactif qui se place dorénavant entre le monde réel toujours en évolution et le citoyen qui choisit d’intervenir dans cette évolution. Cette communication est différente pour trois raisons :

  • elle utilise le cyberespace,
  • elle est interactive ;
  • elle véhicule des images-écrans.

Cette nouvelle interface possède plusieurs côtés obscurs :

  • Si, durant l’ère industrielle le citoyen se servait d’informations validées pour donner un sens à ses actions, comment peut-il se fier maintenant à des informations qui ne le sont plus ?
  • Non seulement ne sont-elles plus validées, mais elles sont médiatisées et diffusées par des consortiums privés qui s’en servent d’abord pour augmenter leurs bénéfices corporatifs.
  • De plus, l’accès à ces informations non validées se fait via des algorithmes propriétaires qui n’offrent que certaines données définies par des calculs statistiques. Cela, à partir d’une plateforme qui fait présentement l’objet d’une guerre (Data War) pour trouver l’écosystème qui deviendra unique sur la planète et qui voudra véhiculer une culture unique.

Actuellement, notre société est bloquée parce que les outils de communication appartiennent à des entreprises privées qui diffusent publiquement des informations qui n’ont aucun sens. Désorienté, le citoyen perd confiance dans ses dirigeants et le désordre s’installe.

Devenus analphabètes numériques, nos gouvernants n’y comprennent rien. Pourtant plusieurs questions devraient être posées.

 

Un écosystème complètement nouveau

Des silhouettes sont unies indépendamment des pays où elles se trouvent.
Un nouveau modèle de communication émerge. Il vise à développer l’épanouissement individuel et collectif.

 

La communication est donc le théâtre où se déroulent les grandes mutations qui ont marqué l’évolution de notre société tout au long de son histoire. Les citoyens utilisent ces informations pour s’adapter aux innombrables crises qui marquent leurs différents bonds historiques.

Face aux mêmes publics d’utilisateurs, deux modèles de communication s’affrontent.

 

  1. Le modèle néolibéral
  • Ce modèle néolibéral est contrôlé par les grands consortiums (GAFA) qui en tirent le maximum de profits au détriment des utilisateurs.
  • Il a vu le jour avec l’implantation des médias traditionnels, puis des premiers ordinateurs. Il est vite devenu un important espace public où les NTIC promettaient des profits commerciaux fabuleux grâce à la mondialisation d’internet utilisant une communication top down (1995). Alors, les petites entreprises informatiques ont exigé et obtenu des classes politiques diverses dérèglementations, au point de réussir à prendre le pouvoir (2000). Aujourd’hui, ce sont elles qui mènent le monde, mais leur horizon commence à s’assombrir. Autrefois, la démocratie c’était : une personne, une voix. Leur modèle c’est plutôt : un dollar, une voix.
  • Tant et si bien, qu’au point de vue de la communication qu’elles offrent, un citoyen devient un être amorphe et anonyme dont la seule activité encouragée est la consommation. Il est devenu réactif devant les forces de massification industrielles.

2. Le modèle de proximité

  • Ce modèle voit actuellement le jour partout à travers la planète en réaction aux inégalités créées par le modèle néolibéral. Il cherche à développer un épanouissement individuel et collectif en offrant à ses utilisateurs une participation aux stratégies de développement qui utilisent une communication bottom-up. Ce modèle espère ramener l’État ou la ville à l’échelle humaine.
  • Les outils utilisés sont les médias alternatifs, une économie plus circulaire, la responsabilisation citoyenne et des stratégies de segmentation sociale.
  • Aujourd’hui, un citoyen qui a un ras-le-bol peut prendre la parole et devenir proactif grâce à cette politique de l’agir qui intervient toujours à partir de la proximité, de son territoire.

 

Un Nouveau Monde

Ainsi, les communications deviennent-elles le théâtre où se développe un Nouveau Monde à la recherche :

  • d’un nouveau modèle sociétal — axé sur la participation citoyenne,
  • d’un nouveau modèle économique —reposant sur la demande dans un contexte de proximité et,
  • d’un modèle technologique — axé sur l’accès aux services.

C’est parce que la communication crée des liens entre les acteurs de la société qu’elle définit celle-ci. C’est l’interactivité citoyenne qui rend possible la société de la connaissance.»

Vers un nouveau contrat social ?

Des mains, symbole immémorial de la vie et de la solidarité, nos rappellent que nous pouvons agir. Ensemble.
L’économie circulaire, la responsabilisation citoyenne et les médias alternatifs sont des instruments puissants pour remettre l’humain au centre de notre monde.

Dans cette nouvelle structure sociétale où tout est appelé à changer, c’est la culture qui se transforme le plus profondément. Précisément parce que l’information est au centre d’échanges et de contenus innombrables.

On sent, on lit, on perçoit une grande recherche de solidarité. Dans les écrits les plus anodins jusqu’aux plus engagés. C’est un fait porteur d’espoir.

Celui d’une recherche de dialogue intergénérationnel, interculturel, interplanétaire qui peut, si nous le voulons, nous permettre de construire un monde meilleur.

Une communication citoyenne.

 

Cet article vous fait penser à quelqu’un? N’hésitez pas à lui transmettre.

À très bientôt,

 

Isabelle

La technologie au service des humains
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3 thoughts on “La technologie au service des humains

  • 2020-10-17 à 02:29
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    Bonjour Isabelle,
    Merci pour cet article qui nous rappelle que la technologie est un outil, puissant certes, qui devrait servir à décupler les facultés culturelles, intellectuelles et sociales de l’homme, au lieu de l’asservir. Michel Serres partage une approche très intéressante de cette transition dans des conférences sur le nouvel humain qu’il nomme « petite poucette ».
    Pour ma part, je suis convaincu que ce sera l’appropriation de la technologie par tous qui nous aidera à l’apprivoiser, l’adapter et mieux l’utiliser collectivement.

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    • 2020-10-17 à 09:04
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      Merci, Amah, pour ton commentaire senti. Tu as raison, être familier avec la technologie, même petitement, donne les moyens de riposter. Éclairé.

      Répondre
  • Ping :Hymne à l’imperfection - IsabelleQuentin

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