Bien sûr, pour entreprendre, il faut oser. Et avoir une vision! Mais est-ce suffisant? Au fait, à quoi ça sert un entrepreneur? Et un intrapreneur? Quelle différence?

 

Pourquoi les entrepreneurs sont-ils si scrutés?

Une personne, yeux ouverts, attentive surveille les faits et gestes des entrepreneurs
Les entrepreneurs sont très souvent observés par leur entourage.

 

On les admire, on les déteste, on ne les comprend pas, on les scrute pour «découvrir» leurs recettes, on les envie quand tout va bien, on s’offusque qu’ils puissent faire faillite quand tout va mal, et bien plus encore. On les perçoit tantôt comme des super héros, et tantôt comme des êtres insensibles. Bref, on leur prête vraiment beaucoup d’intention et on leur porte autant d’attention. Et pour cause. Ce sont des créateurs d’emplois. Vos emplois.

Pourtant, ce sont des êtres humains dont le travail consiste à assurer le vôtre. Un petit détour par quelques chiffres et on revient aux humains.

 

Les chiffres du matin

Ce matin, je lisais un récent article signé par Alain Aubut, dans le Journal de Montréal intitulé Faut-il revoir le modèle québécois en entrepreneuriat? Il faisait suite aux dernières données recueillies par Le réseau Mentorat à travers L’indice entrepreneurial québécois qui suit l’évolution des entrepreneurs actuels et en devenir sous différents angles depuis 11 ans.

Parmi les multiples données du rapport, on y lit que «les entrepreneurs propriétaires représentaient 7,2% de la population au Québec en 2009, et 6,2% en 2019».

L’auteur y écrit que: « Le constat des dix dernières années démontre assez clairement que le modèle québécois en entrepreneuriat est davantage orienté sur la sensibilisation et l’aide au démarrage, plutôt qu’à la croissance et à la survie des entreprises.» On parle ici de l’ensemble des programmes de soutien au développement des entrepreneurs de tout âge.

La drôle de pyramide des entreprises au Canada et leur rôle dans la création des emplois

 

Je croise ici une autre source d’information, celle-ci relatée par Michel Bergeron, Chef de la direction stratégique de la BDC, lors d’un entretien que nous avons eu l’an dernier.

«Au Canada, nous avons une très grande base de 2 millions de petites entreprises. La plupart de celles-ci ont moins de 20 employés. Rares sont celles qui atteignent les 100 employés. Ceci est dû à notre étalement géographique et de population. La démonstration classique est de comparer le Canada et la Californie qui ont le même nombre d’habitants. Bref, là-bas, on accède à un marché équivalent au nôtre avec sa voiture, et ceci dans une seule langue et une seule réglementation. Ici, pour développer le marché, il faut beaucoup plus de temps. Quand on ajoute que pour croître il faut sortir du marché national, on saisit mieux la complexité que ça peut représenter.»

Ces dernières années, plusieurs entreprises de taille moyenne ont été acquises ou ont fermé. Si bien que nous pouvons dire que nous avons au Canada de très nombreuses petites entreprises et quelques entreprises moyennes ou grandes.

Ajoutons que seulement 50% des entreprises au Canada survivent plus de 5 ans… ce qui veut aussi dire que 50% connaissent le succès.»

C’est donc parce qu’ils sont potentiellement source d’emploi, d’innovation et de richesse, qu’on entend plusieurs appels à l’entrepreneuriat depuis une vingtaine d’années.  Et bien sûr, nous sommes d’accord, il faut des entrepreneurs! Mais…

 

Des entrepreneurs de tout acabit

L’habit ne fait pas le moine. Ici un entrepreneur blagueur. Eh oui! Ça existe!

 

Il n’y a pas deux mécaniciens, deux gestionnaires ou deux créateurs qui soient pareils. Il en va de même pour les entrepreneurs. Et ce, pour plusieurs raisons.

  • D’abord, parce qu’ils ont des aspirations différentes. Il y en a qui sont très satisfaits d’être un leader dans le marché local. Il y en a d’autres qui inventent et dirigent le Cirque du Soleil.

 

  • Ensuite, parce qu’ils arrivent à l’entrepreneuriat par toutes sortes de chemins. Certains le savent très jeunes. D’autres voient une possibilité de développer une entreprise après avoir bien cernés les besoins d’une industrie, son potentiel, d’y avoir œuvré pendant des années. Certains reprennent l’entreprise familiale après bien des hésitations. D’autres y arrivent parce qu’ils n’atteignent pas la réalisation personnelle qu’ils se souhaitent dans le cadre d’un emploi.

 

  • Bien sûr, il faut aussi des aptitudes au départ… dont quelques-unes pourront se développer au fil du temps. Gérer des gens, des projets, le financement des opérations, avoir une vision et savoir la communiquer sont de celles-là. Il n’y a heureusement pas de recette unique, mais ces ingrédients doivent coexister.

 

On peut comparer ça au travail d’un chef d’orchestre qui amènera sa chorale à chanter juste et ses membres à travailler ensemble, à faire jouer chacun de ses musiciens au meilleur de son talent, et que son orchestre s’exprime sans fausse note. C’est ce parfait ballet qui créera l’émotion, qui permettra l’innovation, le rayonnement, la prospérité.

 

  • Enfin, ce qui les distingue c’est leur capacité à prendre un risque… au quotidien: les risques financiers, la solitude et le stress qu’ils vivent tous. Souvent même incompris dans leur propre famille. C’est un choix de vie. C’est une attitude mentale.

 

Ça n’est donc pas ce que la plupart de gens leur envie.

 

Et vous, êtes-vous tentés par cette vie-là? Voulez-vous tester votre potentiel d’entrepreneuriat? Cliquez ici, la BDC et l’université Laval vous ont concocté un test.

 

 

Et les intrapreneurs?

Un chef de chantier enfile ses gants pour prêter main forte
Partager la gestion avec son équipe et soutenir l’intrapreneuriat, font partie de nouvelles pratiques qui favorisent la croissance de l’organisme et la satisfaction de ses membres.

 

Qui sont-ils? « En fait, ils ont beaucoup du tempérament de l’entrepreneur. Le goût de la prise de risque en moins.

Ce sont des gens qui voient un problème, qui n’attendent pas que quelqu’un le règle, qui vont le gérer eux-mêmes, qui vont au-delà des choses, qui sont curieux.»

La bonne nouvelle? Ils sont beaucoup plus nombreux que les entrepreneurs. Ce sont des gens dont les entrepreneurs devraient savoir s’entourer! Et vice versa!

  • Les entrepreneurs se sentiront moins seuls.
  • Les intrapreneurs pourront vivre pleinement leur satisfaction au travail.

 

Alors, que faire?

On devrait sans doute favoriser davantage l’intrapreneuriat en entreprise.

  • En encourageant des gens en interne dans des modèles de codéveloppement ou de participation.
  • Cela stimulerait le développement d’entreprises dont le modèle, obsolète, bloque leur propre croissance.
  • Les intrapreneurs pourraient mieux utiliser leurs aptitudes et connaissances, s’épanouir à travers le développement de compétences dont découlerait la satisfaction de contribuer au développement de l’organisme.
  • Et les entrepreneurs pourraient, eux aussi, vivre le meilleur de leurs aptitudes en partageant avec eux la gestion de l’ensemble.

 

Des entrepreneurs entourés d’intrapreneurs

Encore faut-il le favoriser.

C’est ici que le mentorat, les écoles, les organismes de soutien, les gouvernements, les banques pourraient davantage regarder la situation sous cet angle et contribuer au cercle vertueux de la croissance des entreprises par son capital humain.

 

Cet article vous fait penser à quelqu’un? N’hésitez pas à le partager.

À très bientôt,

 

 

Isabelle

 

Pour en finir avec le mythe de l’entrepreneur
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8 thoughts on “Pour en finir avec le mythe de l’entrepreneur

  • 2020-10-20 à 09:13
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    Bonjour,
    Une approche de synergie entre l’entrepreneuriat et l’entrepreneuriat serait je pense un moteur. On pourrait imaginer des évènements pour commencer à se parler et laisser germer des idées 😉
    Cordialement,
    Pierre-Christophe

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    • 2020-10-20 à 09:30
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      Merci, Pierre-Christophe. Oui, on aborde peu souvent la question sous cet angle. J’ai été entrepreneure et intrapreneure dans ma vie professionnelle. Je suis toujours surprise qu’il y ait si peu de passerelles exposées comme telles. Mais ça change… Pour explorer, continuons en message privé.

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  • 2020-10-20 à 14:18
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    Bonjour Isabelle, merci pour cet article. L’approche est intéressante. J’avoue que c’est la première fois que j’entends parler d’intrapreneuriat. Merci de m’avoir appris ce terme. Il pourrait effectivement être la solution dans beaucoup d’entreprises. Encore faudrait-il qu’elles laissent l’opportunité aux employés de prendre des initiatives. D’où l’émergence de beaucoup d’entrepreneurs qui créent leur propre entreprise pour justement palier à un manque de liberté. Merci. Marie.

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    • 2020-10-20 à 14:52
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      Merci, Marie, pour ce commentaire. Oui, je crois que la co-gestion, le co-développement (il y a plusieurs termes semblables et qui recoupent des réalités légèrement différentes) sont une solution à développer. J’essaierai de fournir des entrevues avec des gens qui ont réalisé ce recadrage (ils existent!) à travers de prochains articles.

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  • 2020-10-21 à 12:50
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    Bonjour Isabelle,

    Je ne connaissais pas ce terme, en revanche ce profil de cadre est souvent rechercher dans le TPE et PME car effectivement ils ont une démarche entrepreneuriale qui intéresse fortement les chefs d’entreprise.

    Merci pour cet article

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    • 2020-10-21 à 13:46
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      Oui, au Québec, on est très créatif pour nommer en français différents concepts avant de les emprunter 🙂 Combien d’entrepreneurs se sont-ils lancés en affaires faute d’être reconnus et leurs compétences bien utilisées comme intrapreneurs… Alors qu’en équipe, on avance mieux et plus loin ! Ici, ce terme est utilisé à tous les échelons (du cadre au chef d’équipe). Mais malgré notre culture davantage axée sur le consensus, il reste du chemin à faire! D’où l’importance d’en parler.

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  • 2020-10-25 à 06:01
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    Merci pour cette réflexion intéressante ! L’intrapreneuriat gagnerait probablement à être développé en France. Mais il correspond à un statut de salarié qui ne comblera pas les entrepreneurs épris de liberté.
    Je suis tout à fait d’accord avec la phrase « (les entrepreneurs) ont des aspirations différentes ». De ce fait, s’ils sont indispensables pour créer des emplois, je pense que ce n’est pas toujours leur objectif. Certains entrepreneurs s’éclatent « en solo » et n’ont pas forcément pour modèle la croissance de leur entreprise.

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    • 2020-10-25 à 11:02
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      Merci, Alex. Oui, un entrepreneur a tout à fait le droit de souhaiter fonctionner seul! Au Canada, plus d’un million de personnes sont dans cette situation!

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