Si on essayait de se projeter individuellement, non pas dans l’avoir, mais dans l’être? Est-ce que ça nous empêcherait de réussir, de faire croître notre entreprise, notre groupe? Qu’est-ce que ça changerait?
Être ou avoir? Par lequel commencer son bilan?
Ce matin, je suivais un atelier avec Catherine Pruvost, maître-coach PNL et fondatrice de l’espace Humanitum. Dans cet atelier de méditation active, elle nous guidait vers notre futur, tel que nous souhaitions nous sentir, vibrer, être. Une projection de nous-mêmes dans 5 ans, 10 ans ou 20 ans selon l’horizon que nous choisissions individuellement. Bref, pour ma part, un face à face avec l’Isabelle que je veux être dans 10 ans… dès à présent. Étrange, non?
Et pourtant, quand nous, entrepreneurs, gestionnaires, travailleurs indépendants, faisons le bilan de notre année —pour plusieurs, le 31 décembre—, c’est du point de vue comptable que nous examinons la chose. Actif, passif, rentabilité, croissance, opportunités saisies ou pas, concurrence… comme si la vie de notre groupe, de notre équipe, notre propre vie, étaient accessoires! Et si on tournait plutôt notre regard vers l’humain? En commençant d’abord par nous-même ?
Se projeter de tout notre être
Si on essayait de se projeter individuellement, non pas dans l’avoir, mais dans l’être? Est-ce que ça nous empêcherait de réussir, de faire croître notre entreprise, notre groupe? Qu’est-ce que ça changerait? Prenons quelques exemples d’entrepreneurs hors pair — mais humains, faut-il le rappeler— rencontrés récemment.
- L’une est fondatrice d’un ensemble artistique réputé. Immensément talentueuse, hyper consciencieuse, devant tout comprendre pour accepter même de discuter d’une idée, elle est à la fois le socle et la limite de son groupe. Elle étouffe la libre circulation d’idées novatrices, porteuses, la co-construction entre personnes plus savantes qu’elle dans tel ou tel domaine. L’âge aidant, elle commence à exprimer ce qu’elle voudrait être, ressentir dans le futur… s’imaginant dans une oasis de calme où elle pourrait s’adonner à ce qui constitue le meilleur d’elle-même. Paradoxal, mais très courant.
- Un autre est un patron de société en ingénierie. Il a acquis une société qui avait déjà une histoire, des produits, et l’a amenée à un tout autre palier, loin devant. Croissance rapide et soutenue. Un véritable succès. Pourtant, il a réalisé qu’il n’était pas très heureux. Cette compagnie, une opportunité d’affaires sur le coup, drainait petit à petit son énergie parce qu’elle ne cadrait pas avec ses valeurs dans un univers en changement. Il s’est donc projeté récemment au risque de tout bousculer. Une entreprise renouvelée est en train de naître parce qu’il s’est enfin donné le temps de ressentir, de se projeter dans dix ans. Pas financièrement cette fois-ci, mais humainement. Il vient de choisir de faire de sa société une entreprise au service des hommes et de la nature. Et ses employés sont encouragés à travailler «autrement». Croyez-moi, ça bouge là-dedans.
- Un troisième, au mitan de sa vie, arrivé au terme de ce qu’il voulait accomplir dans son entreprise, a cessé ses activités d’entrepreneur pour se donner le temps de réfléchir et de se former afin de redonner au monde ce qu’il avait reçu. Après de longues études et un doctorat, il est à nouveau en selle, radieux et généreux de lui-même, au service d’un projet auquel il adhère avec tout son savoir, ancien et nouveau.
Qu’ont en commun ces exemples en apparence bien différents? Il s’agit de trois entrepreneurs qui ont eu, ont actuellement ou auront sous peu le courage de répondre à la question de leur avenir en partant de l’angle du ressenti, des sensations. Bref, comment ils souhaitent se sentir. C’est très puissant et ça ne trompe pas.
Et pour vous, ça serait quoi?
Faut-il le rappeler? L’ensemble de vos expériences – votre expertise – est inscrit à jamais en vous. Nous les portons sans même nous en rendre compte.
Le comprenant, vous pouvez en tout temps revenir à votre «programmation personnelle» —d’excellentes prises de décision, de communications hyper fluides, de créations avant-gardistes ou de résolution de problème— sans risque de vous tromper, puisque ces moments de grâce s’appuient sur votre expérience et le souvenir vivace que vous en avez.
Ces expériences sont toujours accompagnées de sensations, de ressentis. Ce sont ces sensations, ces états que l’on retrouve en un instant lorsque l’on vit des situations semblables. Ça vous parle?
Ramenez-vous en souvenir, à des expériences, des moments très positifs, superlatifs! Des moments où vous étiez au meilleur de vous-même. Prenez le temps de «ressentir» à nouveau, de retrouver les sensations et les souvenirs visuels ou sonores qui les composaient et les composent encore :
- Sensations physiques : lesquelles, où elles se logent dans votre corps.
- L’environnement, le bruit, la chaleur, la lumière, l’espace, les couleurs, le décor.
- Votre attitude, votre voix, votre posture, votre présence… au moment des événements, puis au moment où vous les avez verbalisés publiquement.
Pour tirer tout le bénéfice de l’exercice, prenez le temps de noter les éléments communs entre ces différents souvenirs.
En route vers un futur pleinement satisfaisant
Faites-en votre projet de bilan annuel. En vous projetant dans 5, 10 ou 15 ans, librement, ce sont ces sensations heureuses, cet état que vous souhaiterez incarner. Sans doute accompagnées de nouvelles sensations. De cet état du futur découleront vos pas, vos décisions, vos plans, pour l’année qui vient, vers celui ou celle que vous souhaitez devenir, que vous souhaitez être. Dès à présent.
Ayant senti dans quelles dispositions de corps et d’esprit vous souhaitez vivre — et ce qu’elles vous révèlent, n’hésitez pas à le faire savoir autour de vous. Vous serez mieux compris à travers vos projets, vos rêves… plus votre équipe, votre famille pourront vous soutenir dans cette direction.
Qui sait, ils pourraient eux-mêmes se permettre de se projeter et de partager à leur tour une partie de leurs rêves. Une entreprise, un groupe, un individu qui sait rêver, qui est encouragé à associer ressentis et aspirations, voit sa force et son équilibre décuplés. Un solide alignement ressenti – engagement – rayonnement.
Effet d’entraînement garanti!
À très bientôt,
Pour vous aider à vous projeter, vous aimerez peut-être (re)faire l’exercice Mille mois de moi
Article très complet avec des exemples aussi intéressants les uns que les autres et qui démontrent que « avoir » sans « être » n’a pas de sens au bout d’un moment.
C’est vrai que de plus en plus de gens sont à la recherche d’eux mêmes même après une vie bien remplie. Ce qui démontre qu’avoir une vie paramétrée et matérielle ne suffit pas.
Merci pour cet article
Merci, Luc, pour ce commentaire de pro sur la question!
Entre le plaisir de mes ressentis gagnants et la promesse de rêves à accomplir dans mes visions colorées, j’adore lire que d’autres font comme moi. C’est rassurant. Merci de nous avoir partagé cette vision du futur que nous pouvons avoir dans 10 ans.. À bientôt. Elisa
Merci, Elisa, pour ton mot. C’est rassurant de savoir qu’on n’est pas seul à apprécier la puissance du ressenti.
Bonjour Merci pour cet article qui rappelle que le personnel est lié au professionnel et il est important de prendre en compte les ressentis dans nos business et comment on a vécu notre année, et pas seulement un bilan chiffré.
Merci, Yseult. Tes coachings tiennent surement compte des ressentis, un élément de base trop souvent oublié en gestion.
Merci pour cet article qui fait réfléchir! J’aime bien cette vision du « avoir » et être » qui est très intéressante.
En tous cas, j’aime bien l’exercice de bilan que tu proposes et je pense que je vais tester.
Merci, Nadia. Redonne-m’en des nouvelles si tu le peux! Bon bilan 🙂
Exercice vraiment intéressant. Ça change des méthodes de bilan qui se passent uniquement au niveau de la tête. Même si notre intellect se rassure avec le « avoir », le corps ne ment jamais en nous rappelant le « être » dont on a réellement besoin. Merci pour ce partage !
Merci, Vero, pour ton mot. Oui, nos ressentis et sensations nous parlent. Observons-les. Entendons-les!
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